samedi 19 janvier 2008

Le Chariot des Pleureuses

Ce 17 Janvier 2008, c’est un couple de photographes, Gaudin Ramet ( Virginie et Vincent, mais ils ne veulent pas qu’on le clame… tant pis !) qui ouvre le bal avec leur « Chariot des Pleureuses ». Œuvre qui se compose de 13 photographies 90 x 45 collées sur aluminium, d’une palette de boîtes de Kleenex, et d’une vidéo.




13 personnages, drapés tels les pleureuses antiques, sont photographiés au travers de l’ovale d’une boîte de Kleenex. « Leur rôle aujourd’hui c’est de pleurer pour nos peines, de nous remplacer, de nous dédoubler, dans cette tâche éprouvante afin de nous libérer. »





Pour les invoquer, prenez un mouchoir dans une des boîtes de la palette, inscrivez-y le motif de votre chagrin, et glissez le par l’ouverture de la boîte de Kleenex au sommet, celle par laquelle on devine sur l’écran vidéo à l’intérieur le défilement des visages de toutes ces pleureuses, elles vous libérerons de vos peines.








Je ne peux terminer cette succincte présentation sans vous livrer « la ballade pour les pleureuses », texte de Virginie Gaudin sur le petit livret accompagnant ce travail.

Ballade pour les pleureuses

Dans leur ovale bizarre à l’horizon,
Voici venir les dames éplorées,
Brillent leurs larmes de mille raisons.
Il faut pleurer Madame, pour nous, pleurer,
Grands et petits chagrins nous décharger,
Intimes, ou partagés dans les journaux :
Quand les tyrans font brûler les drapeaux
Quand l’amour nous abandonne en désert
Quand s’amasse le PCB dans l’eau…
Où pleurent vos yeux, Mesdames, des rivières

Vous errez au-dessus de nos prisons,
Et sans juger, dans leur lieu étoilé,
Vos voiles recueillent nos afflictions,
Qu’intensifient vos gestes déformés.
Nos yeux, trouble délice, vous les buvez,
Augmentant de sel vos cris abyssaux.
Héraclite est votre maître très haut,
Lui qui pleurait de tout, larmes amères,
Ou larmes conquérantes, un sursaut
Où pleurent vos yeux, Mesdames, des rivières

Au bord du ciel, votre constellation,
Le chariot se promène élevé,
Emportant nos larmes à l’unisson
D’une fugue d’étincelles aspergées.
Nous vous confions nos chagrins tourmentés :
Notre malheur, éprouvé en un mot
Est votre bonheur, coulant en sanglots.
Ils gémissent, embrassent l’atmosphère
Et nous parviennent, tonnerre fortissimo
Où pleurent vos yeux, Mesdames, des rivières

A Nous, qui les invoquons, et sitôt,
Cédons aux mouchoirs nos secrets fardeaux,
Sur nos peines maintenant plus légères,
A nous, d’esclaffer ce monde idiot
Où pleurent vos yeux, Mesdames, des rivières